zone d'éducation privilégiée


C’était étrange pour moi d'aborder, en tant que lectrice, le second roman-vrai sur l'école de Christophe DESMURGER : « zone d'éducation privilégiée ».

Pour la lecture du premier roman-vrai, « Des plumes et du goudron », j'étais (encore) enseignante. Et la lecture du roman m'avait tellement enthousiasmée que j'avais fait sur mon site de musicienne mon «coming out » professionnel en tant qu'enseignante. Revendiquant mon double statut : institutrice et musicienne.

J'ai d'abord lu d'une traite la moitié du roman, comme on épanche sa soif. Je dévorais « zone d’éducation privilégiée », retrouvant avec bonheur la sensation d’être a l'école.

Puis j'ai marqué une pause . Contradiction : j'avais un vrai plaisir à retrouver l'école dans ce roman-vrai, à suivre la plume fluide et juste de l'auteur. Je retrouvais des sensations, des détails oubliés, que j'avais crus oubliés ou voulu oublier. J'évoluais comme un poisson dans l'eau au fil des pages du roman. Et je me suis interrogée : comment avais-je pu faire cette rentrée professionnelle que j'avais vécue comme un crash lors de ma mutation en 2017 ?! Tout ressurgissait. Jusqu'à ma sortie volontaire des cadres de l'Education Nationale en 2019.

Après deux jours, où j'ai laissé se décanter cette réflexion sur mon départ de l'institution, j'ai repris le livre au moment où l'élève Olivia « débarquait » dans le roman une fois le décor et les personnages si justement campés.

Et à nouveau je me suis laissée « embarquer » dans le roman, traversant avec passion les péripéties de l'année scolaire du maître Louis et de tous les protagonistes du roman.

J'ai aimé ce roman-vrai qui m'a rappelé que j'avais aimé, oui, aimé ce métier exercé pendant une tranche de ma vie et que j'avais quitté le jour où je n'avais plus supporté de l'exercer, comme aurait dit Louis.

Ce roman de Christophe Desmurger m'a réconciliée avec mon métier d'instit’ et m'a réconciliée avec moi-même. Je me suis rappelé ma devise : « On enseigne comme on est ».

Le jour où l'on ne se sent plus en mesure d’enseigner, il faut quitter l'école, avant qu'elle ne vous quitte. Ce que j'ai fait, pas trop fière quand même...

Merci à l'auteur de m'avoir donné à revivre à travers son roman la joie et les péripéties de la vie d'enseignant(e). Merci pour le plaisir littéraire de la lectrice enthousiaste que je reste.

J'imaginerais bien un troisième roman-vrai dans sept ans, ou peut-être dans beaucoup moins de temps que cela.

Ma question serait : à quoi ressemble la vie d'une école sous masque, avec les gestes « barrière » et la distanciation ? Au CP tout particulièrement.

Mais c'est un autre roman-vrai à écrire. Ou pas ?

Isabelle Vajra, Janvier 2021




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