Livre sur Hubert Ballay - Sortie le 12 février

« Hubert, dit H. »

Hubert BALLAY est né le 14 février 1928 et s’en est allé le 24 février 2013.

Né le jour de la Saint-Valentin, il est vrai qu’il avait un côté gentiment séducteur.

Si Hubert Ballay, désigné par l’initiale H. dans les Mémoires interrompus de BARBARA, s’est présenté sur mon chemin de vie, c’est justement grâce à ... Barbara.

Pour la première fois de ma vie, à partir de l’été 2006, j’étais sur une scène parisienne au Théâtre Daunou, grâce à une conjugaison de circonstances que j’aime appeler le Destin.

Je participais en tant que chanteuse au spectacle « Barbara d’une rive à l’autre », spectacle conçu et chorégraphié par Catherine Le Cossec.

Danses et chansons se mêlaient exclusivement autour de Barbara.

La chanteuse débutante sur scène que j’étais avait l’honneur d’avoir pour partenaire la chanteuse Marie-Thérèse ORAIN qu’Hubert Ballay à l’époque avait écoutée à l’Ecluse, bien après Barbara.


C’est en découvrant l’affiche « Barbara d’une rive à l’autre » et le nom de Marie-Thérèse Orain sur l’affiche, qu’Hubert Ballay décida d’entrer spontanément dans le Théâtre Daunou pour y découvrir le spectacle sur Barbara.

A la fin de la représentation, une carte de visite nous fut transmise, à l’intention de toute la troupe, avec un mot d’encouragement chaleureux et courtois d’Hubert Ballay. Le gentleman avait fait son apparition. Quand Marie-Thérèse Orain nous expliqua qui était Hubert Ballay, ce fut une révélation.

« H. » Celui que Barbara évoquait dans « Il était un piano noir » comme son grand amour, celui pour lequel elle avait écrit ... « Dis, quand reviendras-tu ? ».

J’avais l’impression de rencontrer le mystérieux H. dont Barbara ne donnait que l’initiale, protégeant ainsi le lien d’amour qui l’avait unie à Hubert.

Après le spectacle, nous vîmes Hubert en personne. Je ne sais plus à quel moment, de vive voix ou par téléphone, Hubert Ballay m’invita à dîner.

Ce dont je me souviens parfaitement, c’est du moment où dans les coulisses, pendant la répétition précédant le spectacle, je confiais à Patrick, le pianiste qui était au clavier sur scène : « H. m’a invitée à dîner . ».

J’avais dit cela discrètement, oubliant que mon micro-casque était ouvert et ... la confidence résonna amplifiée comme un immense écho sur la scène du théâtre. Toute la troupe était désormais au courant.


Voilà comment s’est passée la rencontre.

Des dîners, des déjeuners, il y en eut d’autres régulièrement, chaque fois qu’Hubert passait à Paris, puisqu’il habitait près de Saint-Paul de Vence.

Losque je chantais par la suite mon hommage « Barbara une passion » au Théâtre du Tambour Royal, toujours accompagnée alors par Patrick Rouquet, Hubert venait m’écouter chanter, nous écouter dans ce spectacle.


Une relation d’amitié affectueuse, tendre, ponctuée d’humour (celui d’Hubert) s’est tissée entre nous.

C’était une tendresse toute platonique et un jour m’est venu à l’esprit comme image celle du film « Nelly et Monsieur Arnaud » dans ce que cette relation mi-filiale mi-sentimentale résonnait avec ce lien hors du temps qui m’attachait à Hubert.


J’aimerais brosser en quelques phrases le portrait d’Hubert à mes yeux, sachant que « l’on ne voit bien qu’avec le cœur ».

Hubert Ballay était imposant par sa prestance, mais attendrissant par sa qualité d’écoute, sa simplicité.

J’aimais son intelligence, sa clairvoyance, son expérience de la vie.

Son humour qui savait mettre à jour mes manques et mes défauts me faisait sourire ... à moitié parfois. Même s’il y avait toujours un trait de vérité dans ses traits d’humour.


Séducteur – et ses quatre-vingts ans passés n’existaient pas dans son regard sur les femmes – il me disait que Barbara était véritablement une Femme qui chante.

Sous-entendant par là même que je n’étais pas « assez » une femme qui chante.

Ce dont je conviens et qui me correspond.

Je ne suis pas ce qu’on appelle une femme-femme.

J’ai tendance devant une situation de séduction à me dire « Courage, fuyons ».

Je me définis d’abord comme un être humain, comme une musicienne (l’essence féminine est bien là, mais un peu immatérielle comme la musique), comme une pianiste qui chante.

Mais je sais bien, je sens bien qu’Hubert voulait pour moi qu’en quelque sorte je sois plus « complète ».

Juste une femme musicienne pianiste chanteuse, mais femme essentiellement. Je suis encore et serai sûrement toujours à la recherche de la femme que je suis.


Sur mon répondeur téléphonique, il y a encore la voix d’Hubert, dès le premier message. J’ai enregistré sur cassette ses messages.

En réécoutant parfois la voix d’Hubert, je retrouve cette authenticité, cette profonde sincérité, l’émotion de ce lien d’amitié tendre que nous partagions.

Je voudrais par ce texte dire à Hubert là où il est que je garde intacts l’affection, l’admiration, le lien d’humour aussi qui me bousculait pour mon bien, cet ensemble de sentiments profonds et légers à la fois qui nous réunissait sous l’aile protectrice de Barbara qui avait d’une certaine façon organisé comme par magie notre rencontre.

8 février 2014
Isabelle Vajra,

qu’Hubert appelait parfois avec cet humour qui n’était qu’à lui ...

la raVajeuse.


Note : Ce texte a été lu, avec toute l’amitié et le respect que j’ai pour Elle, par l’épouse d’Hubert : Madame Michèle BALLAY.


Hubert et Isabelle
Photo Annie Claire
Septembre 2010