Précy-sur-Marne 19 mai 2013…
Après Précy,
Paris, le 5 juin 2013

Pendant les deux derniers mois ayant précédé mon concert à Précy, il m’a semblé que la commune de Précy-sur-Marne était le centre du monde.

Précy, la commune où Barbara s’est installée en 1973 et où elle a vécu jusqu’à son dernier jour en 1997.

Précy, la commune dont Yves Duteil est le Maire depuis plus de vingt ans et où il croisa le chemin de la longue Dame brune.

Précy, lieu hautement symbolique où j’allais donner le 19 mai 2013 un concert que j’avais intitulé « Barbara et ses ils ». Un programme, comme je l’ai dit au moment de le présenter en l’Eglise de Précy, centré sur Barbara et rayonnant vers ses ils, c’est-à-dire les auteurs, les compositeurs, les hommes de qualité qui avaient croisé son chemin de femme qui chante.

Ce concert du 19 mai 2013, « Barbara et ses ils » - accueilli en l’Eglise de Précy – j’ai eu l’impression de cheminer longuement vers lui et de ressentir en même temps un sentiment d’urgence pour mémoriser, incorporer en moi, piano et voix, les nouvelles chansons que je présenterais : « Marienbad » de Barbara (et François Wertheimer pour le texte), « L’île Hélène », « Demain, je chanterai » de Claude Nougaro, l’instrumental « L’âme de fond » d’Yves Duteil et trois de ses chansons -« Mélancolie », « Quand les bateaux reviennent », « Moi, je refuse » - sans oublier la chanson « En Méditerranée » de Georges Moustaki.

C’était là l’inventaire personnel et la raison précise de mon sentiment d’urgence face au programme « Barbara et ses ils » que j’allais présenter .

Mais ce n’était pas tout.

J’allais à nouveau chanter Barbara à Précy.

La première fois avait eu lieu le 25 novembre 2007, « à l’époque où » je chantais « Barbara, une passion » au Théâtre du Tambour Royal à Paris.

Sûrement parce que sept années s’étaient écoulées, que la vie depuis lors avait continué de me façonner et avait emporté mon Essentiel, Papa, en novembre 2011, j’abordais Précy pour cette deuxième fois avec une conscience aiguë, aiguisée, de l’importance symbolique de ce moment à venir.

J’allais chanter Barbara, clef de voûte de ce programme, et ses ils, ces rencontres qui avaient jalonné, éclairé sa vie.


Photos Serge Cozzoli

Yves et Noëlle Duteil m’avaient invitée en ce jour de fête appelé « Croque Printemps » le 19 mai à 19 heures à donner ce concert en l’Eglise de Précy comme une invitation pour le « sacre du printemps », celui de … Barbara.

Moi, je serais juste un outil au service de « Barbara et … ses ils » et j’avais à cœur de me mettre sans cesse à l’ouvrage pour préparer, sur-préparer ce programme, consacré à Barbara et ses ils.

Ainsi « armée d’amour » pour chanter, j’ai vu arriver ce jour du 19 mai comme un jour fondamental de ma vie.

Ce soir-là à Précy, quelques-uns de ses ils étaient là : Yves Duteil (et Noëlle, cela va de soi) ; Hélène Nougaro (« l’île Hélène ») représentant Claude Nougaro ; Roland Romanelli, le musicien de Barbara qui ne faisait qu’un avec Elle ; François Wertheimer, l’auteur des textes de l’album « La louve » pour Barbara, l’auteur d’un écrin de mots tissés sur mesure pour l’âme de la longue Dame brune.

Au début du programme, je rendis hommage à celui pour qui Barbara écrivit dit « Quand reviendras-tu ? » : H. (ainsi nommé dans l’autobiographie de Barbara) … Hubert Ballay, disparu le 24 février 2013.

Au cœur du programme, de mon programme (j’en finirais par m’oublier à force de n’être qu’un outil au service du Beau, B. comme Barbara), je chantai ce 19 mai « La ligne droite » de Georges Moustaki et « En Méditerranée ». Je fus troublée, c’est le mot, le jeudi 23 mai, quatre jours après Précy, lorsque fut annoncée la disparition de Georges Moustaki, cet il magnifique.

Paris, le 9 juin 2013

Je reprends en ce 9 juin, jour anniversaire de la naissance de Barbara, le « récit » interrompu de ce 19 mai 2013 à Précy. J’ai vécu ce concert comme un moment de vie intense.

La vraie vie , c’est ainsi que je me la représente.

Une soirée où chaque instant semblait vibrer et où le temps, si dense, m’apparut suspendu, comme impossible à « mesurer ». Un temps inscrit dans un présent vécu en optimale intensité.


Photo Anne-Marie-Soulier

Le duo avec Yves Duteil sur Moi, je refuse, que nous avions répété dans l’après-midi, je l’ai reçu, vécu tel un cadeau peu avant la fin du concert.

Pour conclure, je voudrais rendre hommage à celle qui dans ma vie m’a parlé de Barbara pour la première fois : Maman. Celle qui m’emmena l’écouter en concert. Maman qui était là en ce 19 mai 2013 . Cette fois, elle venait m’écouter en concert chanter … Barbara et ses ils


Photo Pierre Guichon (Président de la Confrérie du Brie de Meaux), Michel Lindeneher

En l’Eglise de Précy, juste en face de la maison de Barbara, devant laquelle un peu plus tôt nous avions été photographiées, posant la main sur le mur de la maison de Barbara, dans l’esprit de …

« J’ai mis mon dos nu à l’écorce
L’arbre m’a redonné des forces
Tout comme au temps de mon enfance… »
(Extrait de « Mon enfance » de Barbara)

Paris, le 16 juin 2013

J’ai longuement hésité à poster sur mon site ces impressions très personnelles que je donne ici de mon concert à Précy. Un concert peut-il se raconter ? Ici d’ailleurs, je ne raconte pas le concert mais ce qui a précédé le concert, ce que j’ai ressenti pendant ce concert et finalement l’empreinte – la mémoire est toujours partielle et subjective- de ce moment si symbolique. Peut-être est-ce parce que ce concert m’a semblé si unique dans ma vie que j’ai mis tant de temps à oser y apposer des mots. Raconter « Précy » tient du domaine de l’indicible, de l’ineffable. Mes mots auront peut-être été maladroits à décrire, à dire Précy 2013, mais ce sont mes mots, vécus de l’intérieur et en cela ils se justifient.

Isabelle Vajra